Réussir à publier


Masterclass de la Préconférence du FAYR-GP 2012

 

Document télechargeable au format .doc dans le lien ci dessous. diffusé avec l’accord de l’auteur.

2012 06 20 préconf faygp publier

Diaporama de la masterclass, à regarder en même temps que le texte

Reussir à publier

Jean François Chenot Greifswald

Éditeur associé BMC family practice

Éditeur journal allemand de médecine générale

rapporteurs : JP Fournier, H Maisonneuve

Recommandations générales de rédaction

KISSSS : Keep it Sexy, Simple, Stupid, Short

– Privilégier les phrases courtes: elles doivent s’écrire au maximum sous la forme simplifiée : sujet, verbe, complément.

– Eviter les mots étrangers.

            ex: éviter céphalée, préférer mot de tête (headache plutôt que cephalalgia).

– Eviter les abréviations, surtout s’il s’agit d’une abréviation nationale. Si une abréviation est nécessaire: toujours l’expliquer la première fois.

– Ne pas avoir peur du « nous », du « we ».

– Utiliser la même terminologie dans tout l’article

            ex : ne pas sauter de family practice à primary care puis general practice

NB: en général éviter family practice préférer primary care (pour revue nord-américaine) ou general practice (revues anglaise). Primary care tient compte pédiatrie, gyneco, et urgences. Donc à utiliser en fonction du système de santé. General practice aux Etats Unis : pas de formation spécialisée, en Angleterre ou en Hollande, on comprend bien. Il est possible de citer les ressources de la communauté européenne disponibles ici :

http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0018/80703/E85472.pdf

– Penser au lecteur : est-ce qu’il va comprendre ce qu’on raconte? Ce qu’on écrit est-il compréhensible par un lecteur ne connaissant pas le système de pays.

– La précision dans les termes est importante. Si les termes utilisés sont insuffisants pour décrire une situation particulière non compréhensible directement par le lecteur, il faut les préciser. Il est possible de citer un article de référence, ou, s’il n’existe pas, de l’écrire. Ceci permettra de minimiser la taille des explications à donner en intro ou dans les méthodes.

– Faire attention aux termes usuels dont le sens doit être pesé.

            ex: Gender est utilisé pour la notion sociale, sex pour la notion biologique.

            Compliance ne doit plus être utilisé (car réfère à une notion de soumission), on lui préférera le terme adherence (plus moderne).

Un texte scientifique n’est pas une prose! Il doit être facile à lire.

Titre

Bref, informatif et attractif.

Systématiquement préciser le type d’étude et utiliser les mots clés

Eviter les abréviations.

Ne pas formuler le message principal! (= qui veut lire l’article si le message est donné?)

Toujours préciser le milieu, le lieu de recrutement (setting). Dans notre cas, toujours préciser General Practice.

IMRAD

Structure obligatoire, surtout pour les débutants.

Il existe deux questions-clé derrière chaque section : une pour le chercheur et une pour le lecteur

Question du chercheur

Section de l’article

Question du lecteur
Pourquoi c’est important?

Introduction

Intérêt ou question clinique
Hypothèse ou question de recherche

Question de recherche Objectifs

Qu’est-ce qu’ils ont cherché?
Comment tester / vérifier la hypothèse?

Méthode

Qu’est-ce qu’ils ont fait?
Collecter et  présenter les données

Résultats

Qu’est-ce qu’ils ont trouvé?
Interpréter les données

Discussion

Qu’est-ce que ça veut dire ?
Qu’est-ce qu’il faut encore rechercher ?

Conclusion

Comment utiliser les résultats en pratique?

Intro : pourquoi a t’on fait cette étude?

Quel est le problème?

Pourquoi c’est important?

Quelle est l’hypothèse?

Quelle est la question de recherche?

L’introduction commence par une phrase clé qui doit clarifier ce qui va se passer dans cet article (elle pose l’article).  Rester neutre, rester scientifique, éviter les maladresses.

La deuxième phrase doit apporter les notions épidémiologiques de base.

Qu’est-ce qui est connu sur le sujet?

Cette section ne doit pas dépasser une page. Plus longue, elle montre qu’on ne sait pas formuler le problème.

À éviter : épanouissement trop détaillé, si on écrit trop dans l’introduction, que restera-t-il à discuter ? Il faut citer les études importantes, mais sans les décrire, car on le fera dans la discussion, en comparant ses résultats avec ceux des autres.

La présentation précoce des arguments détruit la discussion!

Privilégier le style actif lorsque c’est possible (Plus dur sur la première phrase).

Question de recherche

Presque toujours la dernière phrase de l’introduction. Sinon elle peut être placée dans une section spéciale (aim/objective).

 Il s’agit de la 2e phrase lue par l’éditeur!

Cette section doit être rédigée selon l’anagramme PICO (Population, Intervention, Comparaison, Outcome).

JFC conseille de mettre l’intervention en premier, le comparatif en deuxième, le critère de jugement,  puis la population.

Cet anagramme est valable pour les essais comparatifs.

Pour les études observationnelles,  on précisera la population et l’observation.

Pour la revue méthodique : Population, intervention et critère de jugement.

La formulation de l’hypothèse, ne requiert pas de citer le critère de jugement.

On aura donc une phrase pour l’objectif principal, et éventuellement deuxième phrase si objectifs secondaires.

NB: Ce mode de rédaction se prête bien aux méthodes quantitatives, et moins aux qualitatives.

NB: la recherche qualitative est codifiée (cf. equator-network.org guideline RATS et COREQ).

Sur la forme de la question : privilégier une phrase du type « l’objectif de cette étude est de… ». La tournure interrogative (à la manière d’une question de recherche) n’est pas obligatoire.

Le temps à utiliser:

Dans une revue systématique on peux utiliser le présent. Dans une étude, on privilégiera plutôt le passé,  surtout si elle est terminée.

D’après JFC il n’y a pas de règle forte à ce sujet.

Le type d’étude peut être précisé dans la phrase d’objectif.  Par exemple :

« le but, l’objectif principal, de cette revue, de cet essai randomisé, de ce…. est d’évaluer ».

Si possible, préciser le setting (milieu) de l’étude ou de l’objectif de la revue.  Même si les articles de la revue systématique  recueillis ont été menés en milieu spécialisé.

Par exemple, dans le cas de la sinusite : les antibiotiques sont efficaces en hospitalier, inefficaces en médecine générale.

Méthode

Design

Première phrase de la section méthode : type précis de l’étude. Même si déjà mis dans l’intro : se répéter (le lecteur (ou le reviewer) ne lit pas forcément tout!)

Cette section est souvent oubliée!

Pour les méthodes quantitatives, pour ne pas se tromper. Il est possible de se référer à l’article Grimes et al. Lancet (2002). An overview of clinical research: the lay of the land

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11809203

Pour les méthodes qualitatives, on met le type d’étude (ex: étude qualitative par entretien semi directif) et on ajoute le milieu. Il n’est pas nécessaire de citer la méthode d’analyse dans la description de l’étude.

Standards of reporting

Ils sont importants à connaître et à respecter.  Il faut préciser qu’on a adhéré avec ce standard (on essaiera de citer la version utilisée: anglaise, française…). On le citera dans la méthode ET dans la lettre aux éditeurs).

Type de publication Statement
Essai clinique randomisé CONSORT
Étude observationnelle STROBE
Étude diagnostique STARD
Revue systématique, méta-analyse PRISMA
Lignes directrices SQUIRE
Recherche qualitative COREQ

NB: Pour Consort : il existe une version Française (consort-statement.org)

Méthode de recrutement

Qui a participé à l’étude ?

Description détaillée du recrutement.

Détailler les critères d’inclusion et d’exclusion

Préciser la langue dans laquelle se sont déroulés les entretiens

Intervention/instruments

Quelle intervention : être précis.

Décrire les critères de jugement primaires et secondaires,

Décrire les instruments utilisés et justifier leur choix des instruments. Décrire les instruments ne suffit pas, il faut donner un exemple concret à l’interprétation.

S’il y a des chiffres, donner les valeurs normales. Se mettre dans la tête de quelqu’un n’ayant jamais entendu parler de l’instrument et devant en comprendre le sens et l’interprétation. Donner un exemple. S’il y a une classification, décrire la classification utilisée. Etre très clair, même si on a l’impression que tout le monde connaît le sujet (erreur fréquente).

Analyse statistique

Ne concerne pas les études qualitatives. Elle dépend du type de l’étude. Si possible, calculer la puissance. Citer les tests statistiques utilisés et justifier leur choix. Justifier le choix du traitement des données manquantes qui a beaucoup d’influence sur les résultats.

À la fin, indiquer en une phrase le logiciel utilisé.

Ce qu’il ne faut pas faire : utiliser un test non adapté (ex : test paramétrique pour une donnée sans distribution normale), utiliser trop de tests statistiques, des résultats statistiquement significatifs ne signifient pas forcément importance clinique.

ex:  AOMI : ceux qui marchent 200 mètres sans ttt vs. 200,5 m avec ttt. Même si c’est statistiquement significatif, ça n’a aucun intérêt thérapeutique…

Si l’analyse a été faite par un biostatisticien, on peut le noter. Ce n’est pas  une obligation (plutôt dans la partie acknowledgements).

Il existe toute une théorie sur la présentation des données manquantes. Il est bon de s’inquiéter de ce thème avant la rédaction de l’article. Il vous est demandé de décrire les procédures utilisées concernant les données manquante dans votre étude. Vous pourrez trouver quelques informations ici :

http://www.missingdata.org.uk/

NB: Le problème est la longueur de la section méthode. Il est possible de publier la méthode dans un article consacré au protocole et de la raccourcir dans l’article. (journal Trials, impact factor=2,5, 1500 euros la publication (faire financer par votre fac, sinon 500 euros pour un éditeur).

L’enregistrement de l’étude dans le registre des essais thérapeutique coûte 200 euros. Donne à l’étude un numéro ISRCTN. Il est nécessaire de le faire avant (mais  il est possible de le faire après). Il y a aussi un registre pour les revues systématiques : PROSPERO.

Dans le cadre de la publication de plusieurs articles du même projet, il y a un projet OMS : UTN universal trial number. Il est Gratuit.

http://www.who.int/ictrp/unambiguous_identification/utn/en/

Utile à faire, pas encore obligatoire. Mais risque de le devenir.

Autres formalités

Aspects éthiques.

Indiquer la permission du comité d’éthique. Sinon, expliquer pourquoi ce n’était pas nécessaire. Eventuellement, la lettre d’un comité d’éthique permet de justifier pourquoi ce n’était pas nécessaire.

Le CCTIRS

(Comité consultatif sur le traitement de l’information en matière de recherche dans le domaine de la santé) peut faire office d’avis de comité d’éthique dans le cadre de base de données quantitative (plus simple que CNIL).

Préciser l’anonymat

Préciser les permissions/consentements pour les photographies de patients.

NB : pour la recherche qualitative, si on veut publier, nécessité de la lettre du comité d’éthique ou du CPP local.

NB: en Allemagne, en Angleterre il est formellement interdit de demander un avis rétrospectivement. La législation Française diffère fondamentalement.

Les matériels et méthodes se rédigent au passé.

Résultats

Description de la population, des données systématiques. On fait un résumé des résultats dans des tableaux et figures.

Pas trop de texte, privilégier tableaux et figures. Pour chaque tableau et figure, il faut des références dans le texte.

Les résultats se rédigent au passé.

Attention: aucune interprétation ou jugement dans cette section. Rester neutre et se contenter d’une description factuelle.

NB: on n’est pas obligé de mettre tous les résultats qu’on a. Si on a un résultat qu’on ne discute pas, on ne le met pas. De même, dans la discussion, on ne parlera pas de données non présentes dans les résultats

En général, il y a 4 tableaux et figures clés.

–       Présentation recrutement

–       Population

–       Analyse descriptive simple

–       Analyse avancée

Faire appel aux tableaux et figures dans le texte, leur mettre un titre, la même information ne doit pas être présente dans deux tableaux.  Pas de répétition.

Dans le texte pas répéter mot à mot, on fait un résumé très bref.

ex de modèle de flowchart (Consort)

Tableaux

Titre en haut. Expliquer les abréviations en bas.

Mettre le nombre de sujet, préciser l’unité de mesure.

Nb: Eviter les figures « bidon » (fréquent dans les thèses).

Pour le résultat principal, si besoin, on essaie de faire un graphique.

Encore une fois, essayer de se limiter et de simplifier les résultats (KISSS).

Discussion

Qu’est-ce que ça veut dire ?

Résumé des principaux résultats

La plupart des gens ne lisent pas les résultats, ils viennent directement ici.

Se limiter à 2 à 5 phrases.  Pas plus. Pas d’interprétation.

On précise l’échantillon, le contexte, la période, le résultat principal.

Après, on peut préciser le résultat, éventuellement, en fonction de différents paramètres.

On écrit au passé.

Attention, dans le cas d’une revue bibliographique, si les études retenues sont de mauvaise qualité, cette section n’est pas facile à écrire, on peux la mettre directement dans les forces et faiblesse de l’étude.

Interprétation des données

A partir d’ici, on peut commencer à rédiger au présent.

Qu’est-ce que ça veut dire ?

Discuter les données selon l’ordre des résultats.

On a droit à l’interprétation, à la spéculation.

On a droit d’émettre un certain jugement, dans les limites de la langue scientifique.

On compare avec les autres études, en essayant d’expliquer pourquoi pareil et pas pareil. Par exemple : dualité médecine générale/hôpital

Forces et faiblesses

Variations entre les journaux, parfois, deuxième section.

Certains journaux, uniquement limitation, dans ce cas, il faut bien réfléchir pour transformer une faiblesse en force.

Quelle est la force de cette étude : par exemple : tout le monde a participé jusqu’au bout ? ou par exemple s’agit-il de la première étude (best evidence to date) ?

Ensuite, dans les faiblesses : nécessité de tout recenser. Ne pas attendre que le reviewer s’occupe de ça. Il faut bien mentionner tous les biais. Il faut passer beaucoup de temps là dessus, car tout ce qui est avoué ne sera pas (ou sera moins) critiqué par le reviewer.

Ex : souvent, le taux de participation est plus bas que prévu, mais arrive dans la plupart des études.  Donc, on essaie de se comparer à d’autres études. Donc justifier la faiblesse, en comparant avec d’autres études afin d’arriver à préciser que ce n’est pas si mal et que c’est la meilleure preuve disponible…

Il faut essayer de préciser la direction du biais.

Conclusion

Le plus difficile. Elle doit être courte.

Doit répondre à deux questions : pour le lecteur: que changer dans la pratique ?

Pour le chercheur: que changer dans la recherche ? (où que chercher dans le prochain projet ?)

Attention, si la conclusion n’est pas en rapport avec les résultats, l’article est jeté directement.

Biblio

Les citations doivent être homogènes dans leur forme. Meilleure recommandation : Vancouver. Sinon, celles choisies par le journal.

Eviter les citations dans les langues étrangères il est possible de faire une traduction.

Toujours réfléchir s’il n’y a pas une référence nationale accessible dans la langue du pays, accessible directement, plutôt qu’un article en langue étrangère?

Eviter les thèses ou les communications de congrès qui ne sont pas disponibles.

Pas plus de 20 à 30 références dans un article de qualité. (hormis revue de la littérature).

Résumé, Abstract

Copier/coller les première phrases des principales sections.

Première phrase de l’introduction, dernière phrase de l’introduction, première phrase de la section méthode,  première section de la discussion (résultat principal), conclusion.

À rerediger par la suite. Il doit y avoir une logique derrière. Simple à faire, pas beaucoup plus de 5 minutes.

Soumission

Qui sont les auteurs ?

Quel journal choisir ? Demander à un senior.

Possibilité d’essayer le BMJ, revue rapide : 2j. en général si refusé. On obtient une critique qui permet d’améliorer le manuscrit. Il arrive même qu’ils proposent ou le soumettre de nouveau.

Liste des journaux en Français référencés a été faite par David Darmon et Caroline Huas. Se les procurer.

Privilégier un journal ayant publié sur le sujet.

Si un ou deux articles cités dans la biblio,  les éditeurs seront intéressés.

Sinon, réfléchir: qu’est-ce que je lis ? les lecteurs sont-ils intéressés par ma recherche ?

Temps de review

Si pas de réponse après 6 mois, retirer l’article et proposer ailleurs.

Essayer open access : entre 500 et 1500 euros

Liste des journaux primary care :

Journal en espagnol : atencion primaria

 

European journal of general practice accepte la recherche de niveau pas hyper hyper difficile.

Journaux de rhumato

Santé pub

Epidemio.

Lettre de motivation

Envoyer journal par journal

Doit clarifier pourquoi l’étude est intéressante pour les lecteurs de ce journal.

Review

Si ne comprend pas, c’est qu’elle est écrite de façon à ce qu’un autre ne puisse pas comprendre.

Le but est de vérifier si un lecteur d’un autre pays comprendra.

Le reviewer a toujours raison.

Il est exceptionnellement possible de demander des comptes à l’éditeur, surtout lorsque les reviewer ne sont pas d’accord entre eux.

Qui sera le reviewer ?

Sera proche de l’éditeur. Il ne peut pas forcément lui dire non.

Il aura publié dans le journal, probablement la dernière personne ayant publié dans le journal : il faut donc obligatoirement chercher à le citer.

Eventuellement, on peut proposer un reviewer.

Il faut aller à l’egprn, car on a beaucoup de chance d’y rencontrer les personnes qui seront amenées à relire le manuscrit qu’on aura soumis. Les relations humaines peuvent être facilitatrices dans ces cas là.

Répondre au reviewer

Il a toujours raison.

Il faut toujours rester poli et humble.

Il faut répondre point par point à chaque critique.

 

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